Ma grand-mère était cannibale - Mireille Héros
Je ne veux plus que l’on me filme
Je veux garder mes illusions
De téléfilm en téléfilm
Sur l’écran de la télévision
Je me voyais jeune et belle
Disait grand-mère Cannibale
Sous mes jupons et mes dentelles
Flottait un parfum de scandale
Les yeux trop maquillés
Sous les paillettes et les strass
Ma vie de femme en pointillés
Je m’élançais avec audace
Sous les projecteurs de l’égo
Dans un monde inversé
Chaque soir, je changeais de peau
L’âme, de flèches, transpercée.
Je vivais dans la peau d’une autre
Seule, avec sa romance à quai
Perdue dans les sermons d’apôtre
A courir vers les bouts d’essai.
Dans la lumière de l’hiver
Les jours s’enfuient dans la tourmente
De leurs griffes, zèbrent l’éther
Tombent les masques des galantes.
Grand-mère était un travesti
Elle tricote le fil des jours
Dans la blancheur du paradis
Attrape-rêves de l’amour.